Parce que j’ai des périodes comme ça où je commence à me lancer dans des trucs, je ne sais pas trop pourquoi, je ne sais pas trop comment, mais ce qui est sûr c’est que ça finit souvent en belles aventures.
Voilà maintenant quelques mois que je me suis lancée dans le covoiturage. Pour le coup, j’ai plusieurs raisons qui justifient mon acte. D’abord bien sûr les économies. L’essence c’est cher, le train aussi et étant amené à pas faire pas mal d’aller retour entre ma ville de coeur et ma ville d’adoption à temps partiel, il fallait y réfléchir.
Puis depuis toute petite j’entends ma mère pester au volant contre ces tas de gens, seuls dans leur voiture. Depuis presque 10 ans maintenant elle me parle d’auto-partage et de concepts comme cela. Puis ma maman, étant pourtant la moins « grosse bouche » de la famille (faut dire que l’alliance Corse et Marseillais, ça ne peut que faire des exagérateurs non?), m’a toujours dit qu’un jour elle s’y mettrait. C’est un peu comme le don du sang ça. Elle m’a transmis l’envie de le donner mais ne l’a jamais fait elle-même, ce qui m’exaspère au plus haut point Rrrrrh ! Maman ne s’étant toujours pas mis au covoiturage, me voilà la devançant dans un domaine supplémentaire.
1ère fois, je commence doucement et me contente d’être voyageuse. Toujours pas hyper sûre de moi au volant, ruiner ma vie c’est mon problème, celui des autres c’est pas pareil. Surtout quand les autres en question, tu les connais ni d’Eve, ni d’Adam. Me voilà dans une 206 avec trois inconnus. Dieu soit loué (dis donc ça devient mystique ici), la parité est respectée. Pour la moyenne d’âge par contre on repassera avec deux quadra voire quinqua, le jeune conducteur d’une trentaine d’années et moi. Tout se passe pour le mieux, le temps passe vite malgré la différence d’âge et chacun arrive à bon port.
Plutôt contente de cette première expérience, je me lance et voilà qu’il y’a une semaine, je propose moi aussi un trajet. Je préviens que le confort ne sera pas digne d’un ***. Et oui j’ai une petite Twingo alors grand gabarit, s’abstenir !
Après plus ou moins de pourparlers sur le lieu de ramassage, nous voilà désormais à quatre dans Titine, en partance pour la fameuse ville étudiante qu’est Montpellier. Quelle coïncidence, nous voilà juste le week end avant la rentrée des classes… La ville se remplit petit à petit. Moyenne d’âge du convoi ? 21 ans ! Et pour la deuxième fois, parité respectée !
Cette fois je suis un peu moins nerveuse. Je me dis que c’est moins risqué, qu’il ne peur rien m’arriver étant donné qu’ils ont déjà payé en ligne sur le site, et que c’est moi qui suis au volant.
Il est bien sûr d’usage de se présenter, voilà donc Rémi, jeune homme rasta de 24 ans s’étant lancé dans l’agriculture, puis Justine, 18 ans, étudiants en arts appliqués, Moustapha 23 ans, étudiant en linguistique anglaise, d’origine sénégalaise, et moi-même étudiante en RH et accessoirement conductrice du dimanche.
Et ce fût surement l’un des trajets les moins longs de ma vie, tellement nous avions de choses à nous dire, tellement ce temps de partage fût intéressant. Je fus impressionnée par l’entrain, la passion de Rémi pour son métier, pour la nature, le tout exacerbé par une pointe d’anarchisme. Le plus intéressant fût encore d’écouter Moustapha nous parler de son pays, nous dire ce qui l’avait choqué à son arrivée en France et le plus surprenant pour nous, d’apprendre que son pays vit dans les pays du notre. D’après lui, tout ce qui se passe au niveau de la vie politique, mais plutôt du côté people de celle-ci, se passe quelques mois plus tard au Sénégal. Curieux ! COncernant Justine, je vous en dirais pas plus. Je pense qu’elle a été un peu barbée par nos débats culturels et nos grandes idées sur la vie. Je crois qu’elle était peut-être un peu jeune, encore un peu loin de ces préoccupations là, pour suivre nos discussions avec autant de passion que nous le faisions.
Puis le voyage s’est terminé non sans de petites difficultés à trouver où débarquer mes camarades dans Montpellier, ni sans avoir échappé à un ou deux calages de ma part.
Et moi qui en temps normalement aurais réussi à tomber amoureuse de Moustapha le temps de ce sympathique trajet, je me surprenais presque à être plus intéressée par ce rasta un peu cracra et pas très beau mais tellement passionné par ce qu’il fait…
Puis quelques heures après cette rencontre avec ces inconnus là, je me vis proposer une invitation à partager un mafé. Proposition que je refusa gentiment mais que l’on continuera à me faire régulièrement. Qui sait, peut-être qu’un de ces quatres j’y répondrai favorablement.
C’est donc sans hésiter que je renouvellerai cette expérience, histoire de sortir de temps en temps des sentiers battus, d’aller à la rencontre de gens nouveaux, différents de ceux de mon quotidien. Et puis c’est moche de conclure ainsi mais c’est la vérité aussi, un plein et 2 péages, pour un budget d’étudiant, ce n’est pas donné donné. Voilà donc une solution pleine d’humanité et de partage pour mettre du beurre dans les épinards de chacun.